Mes chiens me suivent partout, tout le temps. Ils ne portent jamais de laisse, hormis en cas de grande nécessité ou lorsque j’en ai besoin sur la pratique d’un exercice.
Très honnêtement, avant de devenir éducateur canin, je n’avais jamais vraiment réfléchi à ça, Mishka me suivait partout, tout le temps, sans jamais porter de laisse et je fonctionnais comme ça car je ne voyais aucune autre manière de procéder. C’était naturel pour moi, autant que mettre une laisse l’est pour certaines personnes.
La surprise du chien sans laisse
Aujourd’hui, je suis éducateur canin, plusieurs autres chiens font désormais partie de ma vie mais rien n’a changé dans mon attitude et ma vision du chien. Ils me suivent partout, tout le temps. En clientèle, dans ma vie personnelle, mes chiens sont toujours près de moi, en liberté, ne portant une laisse qu’en cas de besoin (oui oui, je me répète mais c’est une notion importante, je ne radote pas ^^). Nous allons au restaurant (je ne prends pas les quatre à la fois mais, parfois, deux peuvent m’accompagner), dans toutes sortes de lieux publics et, évidemment, en promenade.
Mais nos déplacements créent souvent la surprise chez la plupart des gens. En même temps, quatre gros chiens sans laisse, ça peut en impressionner plus d’un, surtout si on ne connait pas trop les chiens !
Dans le pire des cas, les gens crient, m’insultent, ont très peur mais, souvent, les gens sont plutôt intéressés et me posent presque tous la question: « Mais comment faites vous pour qu’ils marchent sans laisse ? »
Pourquoi est ce que je choisis de vous faire part de cette expérience aujourd’h
ui? Car je me rends compte que la liberté des chiens est une surprise pour la grande majorité des gens.
Pas une balade ne se passe, en forêt, dans les champs ou dans des lieux publics, sans que je croise un chien attaché, frustré de l’être et des propriétaires très anxieux de détacher leur chien ou, pire, que la laisse leur échappe.
La liberté, l’un des piliers du bien être du chien
La société nous impose d’inculquer des règles de bonne conduite à nos chiens. Ils doivent être propres, ils doivent aimer les humains, les enfants et, évidemment, les autres chiens. Nous leur imposons des quotidiens souvent lourds d’interdits, de frustrations, de renoncements et j’ai bien conscience que tout cela est nécessaire si l’on veut continuer à ce que les chiens fassent partie de nos vies. Mais ne devrait on pas TOUJOURS garder à l’esprit que notre monde n’est pas le leur? Que marcher aux pieds, attaché à une laisse sans pouvoir renifler, explorer, interagir n’est pas drôle pour les chiens? Est loin d’être normal?
Mais, comme nous l’avons exprimé plus haut, à moins de ne plus domestiquer le chien et de le remettre dans la nature sans intervention humaine, la vie est ainsi faite, nous faisons vivre nos chiens dans des mondes complètement fous pour eux. Alors la vraie question est: que pouvons nous faire pour réellement améliorer leur bien être? De quoi manquent la plupart des chiens, de nos jours?
Je pense avoir la réponse à cette question: la liberté. Quand j’emploie ce mot ce n’est pas pour mettre à bas toutes les règles, ce n’est pas pour vous dire « laisser le chien être, quoi qu’il se passe ». C’est simplement pour essayer d’amener une petite prise de conscience. Le cas le plus commun rencontré en clientèle urbaine: « Je veux que mon chien s’asseye avant de traverser la route ». Mais, bon sang, pourquoi?! Ne peut on pas simplement demander au chien d’attendre? Debout, assis, couché, en zig zag si il le veut, le principal reste sa sécurité et celle des autres, qu’il ne traverse pas.
J’en passe par cet exemple car je trouve que nous, humains, nous nous focalisons souvent sur des choses hasardeuses et peu utiles au détriment de valeurs importantes. Au lieu d’apprendre à un chien à s’asseoir devant le passage piéton, ne pourrait on pas lui apprendre le rappel? Le suivi naturel? Ce sont là des outils qui sont vraiment utiles au quotidien car ils nous permettent de libérer nos chiens, de les promener en confiance. Grâce à ces outils là, nous pouvons les laisser explorer leur environnement sereinement, nous pouvons leur permettre de rencontrer d’autres chiens et de répondre à leurs besoin d’animaux sociaux.
Faisons passer le message
Evidemment, les lois de l’apprentissage et les principes de conditionnement nous permettent d’apprendre à nos chiens à vivre à nos côtés de façon ludique. Le clicker, les friandises, la récompense, quelle qu’elle soit, sont des outils merveilleux pour intégrer nos chiens et vivre harmonieusement avec eux.
Mais je m’interroge sur la perte d’objectifs plus simples. Je pratique moi même l’obé-rythmée avec mes chiens, j’ai beaucoup de plaisir à partager mes connaissances avec mes clients ou mes amis et à faire « travailler » mes chiens. Je pense que, quelque part, ils y trouvent du plaisir eux aussi. Mais je sais, lorsqu’ils descendent de voiture près de la mer, dans la forêt ou les champs que leur vrai bien être est ici. Concrètement, ils n’ont besoin que de ça. De cette liberté que j’ai fais en sorte de leur apporter en leur apprenant à revenir, à me suivre, à s’inquiéter de savoir si je ne suis jamais trop loin, trop longtemps. Je n’ai pas besoin de les rappeler, je n’ai pas besoin de les chercher ou des les compter, je sais que je suis toujours dans un coin de leur tête et qu’ils sont là, quelque part pas loin.
En tant qu’éducateur canin, je pense qu’il est primordial de diffuser ce message vis à vis de mes clients mais, plus généralement, vis à vis de tous les propriétaires de chiens. Car les gens sont surpris de voir des chiens en liberté, ce n’est pas un raisonnement naturel pour la plupart. Alors que c’est un besoin essentiel du chien !
Alors je continue de promener mes chiens sans laisse, malgré les insultes ou les jugements de certains. Je continue de promener des groupes de chiens en forêt, aux Bois de Boulogne ou de Vincennes, en plein Paris.
Et j’espère que les personnes que je rencontre et auxquelles je fais part de ces réflexions pourront, elles aussi, transmettre ce message, cette « Culture chien » pour citer Nicolas Cornier, un éducateur canin avec lequel j’ai eu la chance de me former. 🙂