10 jours après son départ de la maison pour retourner chez nos amis de chez Pile Poil, j’ai la sensation que c’est le moment de faire un petit résumé de cette jolie aventure que nous avons vécu avec la petite Didi.
D’où sommes nous partis?
Didi nous a été confiée par Christine et Antonio Ruiz, qui l’avaient eux même récupéré dans un refuge à Beauvais.
Avant cela, la puce avait été retrouvée errante avec ses deux frères. Ils étaient en mauvais état. Ils ont été placés ensemble dans un box mais l’un de ses frères a sérieusement attaqué Didi.
Les bénévoles du refuge décrivaient une chienne que personne ne pouvait approcher ou toucher sous peine de se faire mordre sévèrement (morsures maintenues).
Lorsqu’elle est arrivée chez Christine et Tonio , elle a passé 2 jours cachée sous une palette tant elle avait peur des humains mais aussi des chiens. Rapidement, elle a été intégrée au groupe de chiens de nos amis et elle y a peu à peu pris ses marques. Dans la maison, elle privilégiait les endroits où elle pouvait se cacher, notamment sous les meubles.
Christine a commencé un traitement en homéopathie afin d’aider Didi à se détendre et à s’adapter à son environnement.
Elle a passé plusieurs semaines avec eux et nous avons eu le temps d’apprendre qu’elle cédait immédiatement à toutes pressions sur la laisse ce qui la rendait facile à promener ou déplacer car elle pouvait suivre un humain.
Arrivée à la maison
1ère bonne nouvelle: au moment de faire monter Didi en voiture, je m’inquiète beaucoup car je me demande si elle va supporter la kennel. Mais lorsque Tonio et moi la lui présentons, elle s’engouffre dedans. Je découvre ensuite qu’elle est malade en voiture mais rien de grave.
C’est une bonne nouvelle pour tout le monde car je me déplace énormément en voiture et il est très important que les chiens de mon quotidien supportent la kennel. Elle y entre et en sort sans problème, tant qu’on ne la touche pas, évidemment.
Pour que cette partie de l’histoire n’arrive pas, on lui a simplement attaché une petite longe au collier, de façon à pouvoir la « manipuler » sans la toucher.
En arrivant à la maison, les chiens sont dans le jardin et je fais descendre Didi qui passera plus d’une heure cachée sous le camion… je finis par aller la chercher et la faire rentrer dans la maison car il commence à se faire tard et je ne veux pas la laisser seule dans le jardin. En entrant dans la maison, elle se précipite dans les toilettes du rez de chaussé. Elle y passera 2 jours entiers, cachée derrière la cuvette.
Malgré ces premiers instants inquiétants pour nous, il y avait tout de même de bonnes nouvelles !
Didi a toujours accepté de manger dans notre main et elle a mangé toutes les gamelles que nous lui avons proposé, dès le premier soir. Dans son cas, la gourmandise est loin d’être un défaut !
Le troisième jour, j’ai installé une kennel dans le salon et Didi s’y est établie tout de suite. Elle se sent bien dans les espaces confinés donc j’ai préféré lui donner cette possibilité plutôt que de la voir se cacher sans cesse.
La première semaine, Didi est restée à la maison, au calme. Concernant les chiens, elle ne voulait ni les voir ni leur « parler », elle en avait très peur. Evidemment, nous n’avons jamais forcé aucun contact et les autres loups ont bien vite compris que la nouvelle venue n’était pas très sympathique.
Mais un jour nous avons dû partir pour toute une journée et je ne voulais pas laisser Didi seule à la maison donc elle nous a accompagné lors de nos activités et, inévitablement, en balade avec les autres chiens. Durant la première demie heure, elle a tout tenté pour se cacher, n’importe où. Lorsqu’un chien est passé trop près la première fois, elle a déféqué sous elle… Et lorsque nous sommes rentrés à la maison, elle est retournée dans les toilettes… Une regression à laquelle je ne m’attendais pas du tout…
Concernant ce vent de panique lorsqu’un nouveau chien s’attarde trop sur elle, ne serait-ce que visuellement, la réaction est toujours présente. Si Didi se trouve dans un espace restreint, qu’elle n’est pas en balade sur un terrain réellement vaste, elle peut déféquer ou uriner sous elle si le chien approche ou la regarde.
Bien entendu, les 2 jours suivants, nous y avons été doucement et l’avons laissé tranquille. Mais, un matin, Didi s’est réveillée et ne pouvait plus quitter Hinna, une chienne qui était en pension à la maison pour le mois. Elle s’est mise à la suivre partout, à l’appeler, à lui lécher les babines sans cesse. Ce fut là la meilleure étape du travail avec Didi !
Et oui ! car sa relation avec Hinna était littéralement infaillible. Là où elle était, nous étions sûrs d’y trouver Didi. Donc très rapidement, il a fallu lâcher la grande longe de la petite berger Allemand et la laisser se promener, évoluer seule. Ou plutôt, seule avec Hinna ! Attention, nous avons bien conscience de la chance que nous avons eu qu’elle s’attache à cette chienne et cela nous a permis de la sortir, de la libérer, qu’elle retrouve un peu une vie de chien.
Mais cela nous a également permis de nous faire mieux accepter d’elle. En effet, comme elle appréciait les balades aux côtés de sa copine mais que nous étions ceux qui les rendait possible, Didi a appris à nous tolérer à ses côtés et à faire des associations positives nous concernant.
Dès que nous avons pu lâcher la longe et que cette relation avec Hinna est devenue une évidence pour Didi, nous avons vu de nouveaux progrès.
Par exemple, elle s’est mise à explorer la maison, à bouger dans le salon. Encore plus incroyable, elle a essayé de se poser dans les paniers proches de la kennel de Hinna. L’une des étapes de se rapprochement a été de vouloir se cacher sous la cheminée qui est située au centre de la pièce. Elle a choisit ce petit coin un peu différent pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’elle manque de se blesser en faisant tomber une bougie et que je décide de ne plus la laisser se cacher là. Pourquoi cette décision alors que l’endroit lui plaisait?
Premièrement, car cette localisation l’agitait même si elle l’attirait et que cela a failli nous emmener aux urgences.
Deuxièmement, car, à ce moment précis de notre histoire ensemble, j’ai eu la sensation que je devais l’obliger à choisir une autre solution. Se cacher ne pourra pas toujours être la solution, il faut bien commencer un jour et je préfère y aller en douceur, dans un endroit calme, sans la brusquer. Car j’ai simplement bloqué le passage sous la cheminée, je ne l’ai aucunement brutalisé (si toutefois cette précision devait être apportée ^^).
Par la suite, elle n’a plus cherché à se cacher, elle allait dans sa kennel si elle voulait être au calme et se posait parfois dans les paniers avec les autres ou devant la porte fenêtre.
Les manipulations
La raison principale de la venue de Didi à la maison était les manipulations. Elle ne se laissait pas du tout approcher par les humains à moins d’y être « contrainte » par la longe et nous souhaiterions, Christine, Tonio et moi, qu’elle avance un peu sur sa tolérance aux manipulations avant d’être adoptée.
Mon but était donc de travailler sur le contact physique. Mais pour ca, fallait-il encore que je puisse approche de Didi sans qu’elle panique.
15 jours après son arrivée à la maison, sa longe s’est coincée dans une barrière lors de la dernière sortie pipi du soir. Je me suis baissée près d’elle pour la décoincer, comme je l’avais déjà fait des dizaines de fois (vive les longes…) mais mes mouvements ont du être trop rapides ou Didi ne m’a pas bien vu car il faisait sombre et elle m’a pincé. Elle m’a pincé la main, je n’ai même pas eu une trace mais tout de même, ce simple mouvement trop direct vers elle a suffit à la faire paniquer au point de réellement vouloir me mettre à distance… Ce n’était donc pas gagné d’avance ! Et, à nouveau, la régression fut déstabilisante pour moi.
Donc première étape: ne pas se battre contre la laisse ou fuir l’humain qui l’attrape.
L’épisode du pincement m’a bien montré que le fait d’être bloquée par cette longe/laisse pouvait être très perturbant pour elle. C’était donc notre première piste de travail.
Paris tenu puisque la veille de son départ, Didi était capable de rester immobile avec un humain accroupi en face d’elle, à condition de pouvoir s’appuyer contre un mur, un canapé, une surface quelconque.
Deuxième étape: la toucher sans se faire mordre.
Paris tenu ! Didi tolère mieux le contact physique sur son côté droit que sur le gauche et toute la zone de la tête, du poitrail et des pattes avant est encore inaccessible. La puce panique et se débat ou essaye de pincer dès que l’on fait mine d’approchez la zone.
J’ai essayer de la travailler au clicker mais le bruit est vraiment très déplaisant pour elle, elle sursaute fort dès que je l’actionne. Donc pour ne pas mettre en péril le peu de confiance que nous avons réussi à construire, j’ai choisis d’écarter cet outils, dans l’immédiat.
Nous avons donc travailler avec de la nourriture (de la vache qui rit pour être tout à fait exacte =P), très progressivement. Au début, nous travaillions dans le camion, le premier endroit où j’ai pu la toucher, délicatement du bout des doigts. Puis nous avons variés les lieux de nos séances. Didi prenait la récompense mais pas dans ma main ni sur le moment. Elle la mangeait une fois seule, dans sa kennel.
Avant qu’elle s’en aille, j’ai pu toucher tout son côté droit, y compris les pattes arrières et le ventre avec toute la surface de ma main et un contact appuyé, avec une longe détendue. J’ai aussi pu la toucher au niveau du collier, passer mes doigts dessous. Elle a également manger la récompense immédiatement après que j’ai retiré ma main, dans celle ci.
Aucun de ces contacts n’est plaisant pour Didi, elle est mal à l’aise et toujours sur le qui vive, dans l’attente d’une douleur. Mais ses postures et son attitudes changent au fur et à mesure, elle est moins raide, regarde moins ma main, respire bien plus lentement, se contracte beaucoup moins à la pression de la main. Bref, elle progresse !
Encore du chemin à parcourir
L’expérience que nos amis Christine et Tonio nous ont permis de vivre avec Didi a été d’une grande richesse pour moi.
J’avais déjà eu affaire à des chiens peureux, craintifs ou très sensibles mais jamais à des chiens traumatisés.
Didi est une chienne vive, intelligente et fine. Elle mérite une vie bien plus jolie que ce n’ont été ses premiers instants parmi nous. Elle souffre au quotidien, des gestes et des situations de la vie les plus courants. C’est une souffrance vivable et malgré laquelle elle est capable d’évoluer très joliment. Mais c’est une souffrance tout de même. Et chaque soir, en lui disant bonne nuit et en la voyant me regarder d’un air suspicieux depuis le fond de sa kennel, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver une grande peine et une grande reconnaissance également.
Car ce petit bout de chien m’oblige à faire gigoter mon cerveau. Elle m’a fait bouger dans ma tête, elle a secoué mon monde de mignons petits chiots sortis d’élevages beaux et propres où l’on aime les chiens mais surtout LE chien.
Je dis merci à mes amis qui me l’ont confié, pour leur confiance et leur soutiens mais je dis surtout merci à Didi de m’avoir tant appris. Et j’attend impatiemment de la reprendre à la maison pour continuer avec et pour elle.