« Ai-je une belle relation avec mon chien? » : la grande question !

Une histoire d’émotions

 

La vérité c’est que je connais très peu de personnes qui seront capables de suffisamment d’honnêteté, de recul et d’objectivité pour parler de leur relation avec leur chien.
Premièrement parce que nos chiens nous emportent dans une dimension affective qui nous fait perdre en détachement et en raisonnable. Lorsque l’on parle d’eux, on les trouve souvent très beaux, par exemple, et cela peu importe les critères standardisés. On va donc facilement avoir tendance à fondre devant nos poilus ou, au contraire, à rentrer dans des sentiments bien plus négatifs, particulièrement dans des situations déplaisantes. Par exemple, si notre chien aboit lorsque quelqu’un sonne à la porte, on va avoir tendance à s’exprimer ainsi : « il aboit TOUT LE TEMPS, c’est insoutenable ! »
En vérité, le chien n’aboit pas 23h/24 donc on quitte le spectre du raisonnable pour entrer dans celui de nos émotions négatives.

Pourquoi ce petit topo sur le fait que nous ne regardons pas nos chiens avec objectivité ?
Tout simplement parce qu’on ne le fait pas non plus lorsqu’il est temps de dresser un état des lieux de la relation que l’on entretient avec nos chiens…

Et moi la première !

L’année 2015 a été particulièrement dure émotionnellement parlant car j’ai du prendre conscience des problèmes relationnels que j’ai avec mes chiens. Car tout n’est pas parfait !

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas grave d’avoir des problèmes de relation ou de lien avec son chien. Ce qui est grave, c’est de se voiler la face et de ne pas vouloir y remédier en estimant que tout va bien.

 

 

Prendre du recul pour mieux analyser la situation

 

De plus, la technologie et certaines méthodes éducatives vont nous permettre de mettre des pansements sur des jambes de bois en réglant les problématiques associées à des problèmes de liens à l’aide d’outils coercitifs. « Mon chien n’avait pas de rappel donc j’ai utilisé un collier électrique mais maintenant je n’en ai plus besoin car il revient bien ! »

Le chien revient il parce qu’il en a envie ? Ou parce qu’il est suffisamment intelligent pour savoir qu’il vaut mieux revenir plutôt que de se faire électrocuter ? (mystèèèèère…)

L’humain a cette tendance naturelle à accuser spontanément autrui. « Mon chien ne revient pas quand je l’appelle, il n’écoute rien et préfère se balader seul ». Ce genre de propos est courant et induit quasi systématiquement la même réflexion chez l’humain : c’est le chien qui est en faute. Et pourquoi ce ne serait pas l’inverse ? Si l’environnement a plus de valeur que l’humain, ne peut on pas se demander si nous n’avons pas un soucis dans la relation que nous entretenons avec notre chien ?

Problème fréquemment rencontré en clientèle : jeune chien de 12 à 18 mois qui ne tolère plus d’être attrapé au collier, allant jusqu’à mordre si on insiste, notamment dans des situations d’excitation. En creusant un peu, on apprend que le chien a été beaucoup pris par la peau du cou pour être réprimandé lorsqu’il était petit, que les propriétaires ont utilisés un collier étrangleur pendant plusieurs mois, tous les jours, que le chien a subi des coups de sonnettes régulièrement, voir a été pendu par le fameux collier.
Réaction de l’humain : le chien « se rebiffe », est têtu et dominant, il ne veut pas qu’on l’attrape !

Pourquoi est ce que les comportements indésirables de nos chiens leur sont systématiquement attribués pleinement ? Je ne dis pas que les chiens n’ont jamais rien à se reprocher car il peut leur arriver d’avoir des comportements inappropriés et cela malgré tous nos efforts à essayer de gérer la situation. Ce que j’essaye de faire ressortir, c’est notre tendance naturelle à accuser l’autre de tous nos maux, avant de nous remettre personnellement en question.

 

Ma relation avec mon propre chien

Jarod, mon Berger Allemand, est un chien d’une grande sensibilité qui n’est pas à l’aise dans les nouvelles rencontres entre chiens. Il m’aura fallu plus d’un an avant de m’en apercevoir, et encore plus de 6 mois pour être en paix avec l’individu qu’est mon chien. Et ma première pensée lorsque je me suis aperçue de tout cela a été : Que s’est il passé ? Qu’est ce qui a fait que mon chien est devenu cet individu ?

 


 
Ca vous paraît normal comme questionnement ? Pourtant, la première question que j’aurai du me poser aurait du être : Qu’est ce que j’ai fais ? Quelle(s) erreur(s) ai-je commise(s) ?

Naturellement, ma première pensée n’a pas été de me dire que j’étais personnellement à l’origine de cette situation mais plutôt que la vie nous avait amené là. Pourtant, cette situation est bien ma faute et, après une longue et difficile remise en question, je sais que mon chien est tout simplement l’individu que je l’ai amené à devenir, au travers de mes choix, mes prises de décision et mes erreurs. Ce sont ces choix, ces prises de décision et ces erreurs qui ont créé une relation qui manque de confiance, de lien et de paix entre nous. Alors nous travaillons cela tous les jours et je sais que le chemin sera long pour apprivoiser mon chien qui ne croit pas vraiment en moi.

Pourtant, si vous nous regardez interagir ensemble, il y a de fortes chances pour que rien ne vous saute aux yeux !

Jarod revient quand je l’appelle, se laisse toucher avec plaisir et manipuler, il réclame des câlins. Il peut être intégré dans n’importe quel groupe de chiens (sans pour autant interagir !) et je l’emmène partout avec moi…

D’aucun dirait que nous avons une belle relation !

Pourtant, il y a quelques mois, Jarod revenait près de moi lorsque je l’appelais mais pas jusqu’à moi. Il ne cherchait pas mon contact lors de nos balades ni même à la maison. Il s’inquiétait dès qu’on tapait un coussin sur le canapé et s’isolait facilement si il y avait du bruit ou de l’agitation. Si nous faisions une rencontre de chiens en balade, il évitait soigneusement la dite rencontre en passant en périphérie.

Entretenir une belle relation avec son chien supposerait donc d’aller au delà des apparences? Un peu mon neveu !
On peut avoir un chien câlin ou avec un rappel plutôt bon mais ne pas avoir une relation parfaite pour autant, ce dont il serait bon de prendre conscience ! Car, à moins de rencontrer de réels problèmes avec son chien tel que de l’agressivité avec morsures délabrantes sur soi même, tout le monde est persuadé que tout va bien avec son chien…

Aujourd’hui, tout cela est loin d’être totalement réglé et je me fais accompagner dans cette démarche afin d’être aidée et cadrée car il n’est pas toujours simple d’être confronté à ses propres erreurs et difficultés.

 

La clé du bonheur?

 

Tout ça c’est bien beau mais raconter ma vie ne va pas vous donner la clé d’une belle relation avec son chien… la vérité c’est que je ne suis pas en mesure de vous la donner car je la cherche encore. Et je pense que je la chercherai toute ma vie car tous les chiens sont différents et nous emmènent sur des chemins auxquels on ne pensait pas. Chaque compagnon est une personnalité, une sensibilité et une individualité différente qui doit être considérée en tant que telle. Il n’existe pas de formule magique selon moi mais on peut essayer de suivre quelques principes pour tenter de s’en approcher :

  • Regarder son chien tel qu’il est et non tel qu’on le voudrait…
  • Prendre du recul, essayer d’être plus dans le détachement afin de ne pas tomber dans nos émotions et se laisser emporter par celles ci ;
  • Faire preuve d’un maximum de cohérence dans nos rapports avec nos chiens, dans nos demandes, nos interdits, etc…
  • Ne pas se réfugier dans le conditionnement au moindre problème ;
  • Respecter nos chiens et leur tempérament, leur sensibilité, même si l’on n’a pas tendance à être sur la même longueur d’onde ;
  • Mettre de côté nos propres caractéristiques. Ex : je suis quelqu’un d’assez impulsif, ce qui m’amène à vite m’énerver, à parler fort, faire du bruit… ce qui est assez incompatible avec un chien plutôt sensible. A moi de faire l’effort de réduire ce trait de tempérament chez moi pour améliorer la relation de confiance avec mon chien.
  • Ne pas hésiter à se faire aider par des professionnels. Un œil extérieur est toujours favorable à une évolution et nous permet d’avancer ;
  • Garder à l’esprit qu’un rappel satisfaisant et des câlins sur le canapé ne sont pas définition d’une belle relation avec son chien ;
  • Rester ouvert d’esprit. Certaines rencontres peuvent changer nos vies, sans qu’on s’y attende…

 

 
Bref, cet article n’est pas franchement un tutoriel de « comment entretenir une belle relation avec son chien » car il serait bien prétentieux de ma part d’en donner des leçons… Il s’agit plus de vous faire part de mon expérience et de mon ressenti face à cette question que beaucoup de propriétaires se posent. Je pense qu’il s’agit avant tout d’un état d’esprit, d’une philosophie et d’une réflexion constante bien plus que d’un mode d’emploi tout prêt à délivrer à l’achat du chien. Il existe des fondamentaux, c’est sûr, et des solutions, c’est sûr aussi. Mais je pense que c’est finalement bien plus profond que cela…

Je remercie mon amie et mentor Sandrine Ostmane (Chien, Chat, Mode d’Emploi) mais aussi Nadine Chastang (Esprit Canin 33) et Mylène Rageade (Main dans la Patte) sans qui je n’aurai jamais emprunté ce chemin.
Je sais que je ne suis pas au bout de mes réflexions mais je vous suis infiniment reconnaissante de m’accompagner et de m’inspirer dans mon quotidien avec les chiens…

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